Au cours de mes déjà nombreuses années d'enseignement (en mathématiques et en histoire des sciences) et de recherche (en histoire et philosophie des mathématiques, en épistémologie générale, en sciences de l'information et de la communication -plus particulièrement de la documentation-), il m'est apparu que la complexité des approches, au sens où l'entend Edgar Morin, d'un contenu mathématique ou scientifique, facilite sa compréhension et enrichit la pédagogie lorsqu'on l'enseigne. J'ai donc sans cesse - et davantage d'année en année - croisé dans mes enseignements les apports théoriques et historiques, incitant les étudiants à travailler à la fois le concept (anciennement présenté sous forme d'un exposé magistral), son histoire (je leur donne à lire des documents historiques à l'origine du concept), son action et interaction avec les autres disciplines, scientifiques, philosophiques ou technologiques. Il paraît à mes yeux fondamental d'enseigner des sciences "en marche" et non pas figées, des sciences animées par des débats philosophiques et ontologiques, des doutes, des erreurs; des sciences qui souvent empruntent de fausses pistes avant de découvrir les bonnes, des sciences souvent pas si objectives que l'esprit commun le pense, influencées comme elles peuvent l'être par des idéologies, des théologies, des dogmes, etc... Bref, de montrer que la science en général a besoin d'un regard réflexif, culturel historique et autocritique sur elle même pour avancer, se transmettre, et respecter les exigences d'une déontologie à mes yeux souvent en danger.